Hubert-Félix Thiéfaine Hubert-Félix Thiéfaine - Scorbut

C'est l'histoire d'un pauvre garsCourant la gueuse dans les balluches.Quand t'as toute la semaine dans le baba,Tu peux bien rêver d'une greluche.Chevauchant sa motocycletteSur les chemins du samedi soirIl dérapa sur ses roupettesEn entendant ce cri bizoire.Les filles de La RochelleOnt attrapé le scorbut.Mignons, finie la bagatelle.La charentaise ne répond plus... Oh gué !Le pauv' gars bloqua son enginEn se croyant hallucinéPuis il tendit ses esgourdinsEspérant bien s'être trompé.Oui mais, tout soudain derrière lui,Il entendit ce cri fatalQui semblait déchirer la nuitDe toute son horreur sidérale.Les filles de La RochelleOnt attrapé le scorbut.Mignons, finie la bagatelle.La charentaise ne répond plus... Oh gué !Assis sur le rebord du trottoirAvec sa tête entre ses mains,Le pauvre gars broyait du noirEn triquant dur comme un vieux chienEt d'ailleurs à propos de chien,Celui qui passait à cette heure-là,Lui, qui n'avait envie de rien,Eut droit à ce qu'il n'attendait pas... Oh ?Les filles de La RochelleOnt attrapé le scorbut.Mignons, finie la bagatelle.La charentaise ne répond plus... Oh gué !Le chien repartit la queue basseSans avoir bien tout-tout comprisTandis que notre pauvre gars,Lui, se sentait tout rajeuni.Il remonta sur sa motoEt s'en retourna dans la nuitMais depuis, dans tous les hameaux,Paraît que les chiens courent derrière lui.Les filles de La RochelleOnt attrapé le scorbutMignons, finie la bagatelleLa charentaise ne répond plus.La morale de ce cantique,Pour ceux qui ne le sauraient pas,C'est que dans la vie, faut être pratique,Quand on veut ce que l'on n'a pas.Quant à vous, les pauvres fillettesDe La Rochelle ou bien d'ailleurs,Soyez donc un peu moins couillettes.Voyez que les chiens nous font pas peur.(cheval deux trois)Les filles de La RochelleOnt attrapé le scorbutMignons, finie la bagatelleLa charentaise ne répond plus.